« Personne, je crois, n’a vécu d’enfance comparable à la mienne, si libre, naïve, pure et impure. J’ai été l’adolescent le plus comblé et qui en profite avec éclat, mais l’homme le plus déçu, sans cesse trahi par soi. »
« Personne, je crois, n’a vécu d’enfance comparable à la mienne, si libre, naïve, pure et impure. J’ai été l’adolescent le plus comblé et qui en profite avec éclat, mais l’homme le plus déçu, sans cesse trahi par soi. »
Naissance, à Berlin le 4 août, de Guy James de Pourtalès, fils d’Hermann, officier au service de Prusse, et de Marguerite (Daisy), née Marcet.
Installation de la famille dans une dépendance du Grand Malagny (Genthod), propriété de la famille Marcet.
Mort de Daisy de Pourtalès, à Cannes. Elle est enterrée au cimetière de Genthod.
Hermann de Pourtalès et ses enfants s’installent au 8 de la rue des Granges à Genève.
Le 25 avril, mariage à Paris d’Hermann de Pourtalès avec Hélène Barbey.
Installation de la nouvelle famille aux Crénées, à Mies.
À l’automne, entrée à l’École Privat, à Genève.
Élève à l’Institution Sillig, à La Tour-de-Peilz, dit aussi Institut de Bellerive.
Gymnase à Neuchâtel, dans la section scientifique.
Études scientifiques, musicales et littéraires à Karlsruhe, Bonn et Berlin.
Mort d’Hermann de Pourtalès. Il est enterré à Mies.
Se fixe à Paris, avec l’intention de s’inscrire à la Sorbonne.
La Cendre et la Flamme (Juven)
Mariage avec Hélène Marcuard, fille du banquier Jules Marcuard. Ils auront trois enfants : Françoise (1912), Raymond (1914) et Rose (1919).
Réintégré sur sa demande dans ses droits de citoyen français.
Solitudes (Grasset)
Mobilisé en août. Jusqu’en novembre, chauffeur du major des dépôts à Chartres.
Janvier-avril, interprète auprès d’une brigade d’artillerie britannique, en Flandres.
Le 28 avril, atteint d’une pleurésie.
Fin avril-fin octobre, convalescence.
À partir de février, rejoint la Maison de la presse au ministère des Affaires étrangères, où il est chargé de la propagande en Suisse.
À mes amis suisses (Crès)
Deux contes de fées pour les grandes personnes (Société littéraire de France) En décembre, révoqué de son poste au Quai d’Orsay, en raison de ses relations de famille compromettantes en Allemagne.
Janvier-décembre, interprète auprès du corps expéditionnaire américain.
À partir de décembre, officier informateur dans la 4e armée, en Alsace.
En janvier, mission d’information pour des journalistes américains, dans les provinces rhénanes, dans les territoires occupés du Nord de la France et sur les champs de bataille.
Démobilisé le 15 février.
Au printemps, vente du Grand Malagny.
Marins d’eau douce (Société littéraire de France)
En décembre, découvre qu’il est atteint de tuberculose pulmonaire.
Retour en Suisse. Vit désormais entre Étoy et Paris, avec de fréquents séjours à Montana, pour soigner sa maladie.
La Parabole des talents (Éditions de La NRF, « Une œuvre, un portrait »)
De Hamlet à Swann (Crès et Gallimard)
Publication de biographies à grand succès chez Gallimard et Grasset : La Vie de Franz Liszt (1926, Gallimard), Chopin ou le Poète (1927, Gallimard), Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (1928, Gallimard), Nietzsche en Italie (1929, Grasset), Wagner, histoire d’un artiste (1932, Gallimard).
Montclar (Gallimard)
Florentines (Gallimard) De février à juin : voyage en Extrême-Orient.
Nous, à qui rien n’appartient. Voyage au pays khmer (Flammarion)
Les Affinités instinctives (Éditions de France)
Madame de Noailles dans le jardin de sa poésie (Lausanne, F. Roth).
Mai : publication de La Pêche miraculeuse (Gallimard), grand prix du roman de l’Académie française.
Installe à Étoy ses archives, jusqu’alors à Paris.
Berlioz et l’Europe romantique (Gallimard)
Le 14 juin, commence à rédiger ses mémoires sous le titre « Chaque mouche a son ombre ».
Les Contes du milieu du monde (LUF).
Saints de pierre (LUF)
Mort de Guy de Pourtalès, le 12 juin à l’hôpital Nestlé, à Lausanne. Il est enterré dans le cimetière d’Étoy.
Réédition de Marins d’eau douce à la Guilde du livre.
« En dépit du peu de goût que j’ai pour la science généalogique, il me faut parler d’abord de mes origines, faute de quoi il serait impossible de comprendre le caractère cosmopolite de ma famille […]. »
Par son père, Guy de Pourtalès descend d’une famille huguenote cévenole établie à Neuchâtel. Dans la principauté alors prussienne, les Pourtalès connaissent une ascension sociale spectaculaire, grâce au commerce des indiennes et à la banque. Jérémie Pourtalès (1701-1784) est anobli par Frédéric II en 1750. Son fils aîné Jacques Louis (1722-1814), le « roi Pourtalès », fonde l’hôpital Pourtalès, plusieurs sociétés et amasse une fortune considérable. Ses trois fils sont créés comtes en mai 1814 par le roi de Prusse et donnent naissance à trois branches, à Neuchâtel, Paris et Berlin.
La branche aînée neuchâteloise, celle de Guy de Pourtalès, est marquée par la fidélité au roi de Prusse et l’exercice de charges publiques ou du métier des armes, à l’instar d’Alexandre (1810-1883), le grand-père de l’écrivain, major en Prusse et chef du corps de l’artillerie neuchâteloise. Ce dernier épouse Augusta Saladin de Crans (1810-1883) et fait construire la maison des Crénées à Mies, fondant la branche genevoise de la famille.
Deux des fils d’Alexandre poursuivent la tradition familiale en se mettant au service de la Prusse, quand bien même Neuchâtel est, depuis 1848, officiellement détachée de l’allégeance prussienne. Albert Maximilien, dit Max (1845-1885) est major de cavalerie dans la Garde; Hermann (1847-1904), le père de l’écrivain, est chef d’escadrons des cuirassiers de la Garde. Guy de Pourtalès rompt entièrement avec cet héritage. Ses deux frères, Horace (1888-1970) et surtout Raymond (1882-1914) sont les derniers à perpétuer la tradition du service de Prusse.
Par sa mère Daisy Marcet (1857-1888), Pourtalès appartient au patriciat genevois, qui entretient des liens étroits avec nombre de familles protestantes en France. Ses ancêtres et cousins de la rue des Granges se nomment Saladin de Crans, Saussure, De la Rive, Pictet, Naville, Sarasin, Candolle. En outre, la famille Marcet est anglo-genevoise depuis qu’Alexandre Marcet (1770-1822) a dû quitter la République en 1794, chassé par les révolutionnaires genevois. Enfant, Guy de Pourtalès parlait anglais avec sa mère.
Pour plus d'informations sur la famille Pourtalès, voir le site du Domaine Hôpital Pourtalès
« Et pourtant, je ne suis jamais tout à fait moi-même ailleurs qu’ici. »
Dans la vie de Guy de Pourtalès, mais surtout dans sa mythologie personnelle, le lac est une sorte de lieu originel, dont son enfance procède. Marins d’eau douce en est la plus parfaite illustration. De fait, Pourtalès a beaucoup navigué sur le Léman, avec son grand-père William Marcet sur l’Ibis, et avec son père Hermann, médaillé d’or aux Jeux Olympiques de Paris en 1900 à bord du Lérina. Membre actif de la Société nautique de Genève, Pourtalès participe régulièrement à la Semaine des régates.
Pourtalès a vécu les sept premières années de sa vie à Berlin, où son père était officier au service de l’Allemagne. Étudiant, il y est retourné pour suivre une formation scientifique, puis littéraire et musicale. Sa connaissance de la société, de la langue et de la culture germaniques lui sera profitable lorsqu’il travaillera sur la vie de musiciens allemands. Tout en ayant choisi la France au détriment de l’Allemagne, il a gardé un relation forte, sentimentale pourrait-on dire, avec le pays du romantisme, et n’a jamais rompu les liens avec les membres allemands de sa famille, jusque dans les années 1930.
À Malagny, la famille de Guy de Pourtalès vit quelques temps sur le domaine des grands-parents Marcet. Ils sont là au cœur d’un réseau familial matérialisé par des grandes propriétés aux mains de cousins et alliés, ainsi le Creux-de-Genthod de la famille Saussure.
Pendant deux ans, Pourtalès habite au centre de la vie patricienne genevoise, à la rue des Granges, lieu dont il se souvient dans des scènes mémorables de La Pêche miraculeuse.
La famille Marcet possédait un chalet au milieu des châtaigniers dans ce village savoyard. Pourtalès l’évoque dans Marins d’eau douce et y situe plusieurs scènes importantes de La Pêche miraculeuse. Peu avant la Première Guerre mondiale, l’écrivain a voulu bâtir une maison à Yvoire, mais il a finalement renoncé à ce projet.
Bâtie au milieu du XIXe siècle par Alexandre et Augusta de Pourtalès, les grands-parents paternels de Guy de Pourtalès, la maison des Crénées est le modèle de celle de Belmont dans La Pêche miraculeuse. Pourtalès y a passé son adolescence et sa jeunesse, du moins les périodes de vacances que lui accordaient l’école puis l’université.
Élève à l’Institution Sillig, Guy de Pourtalès passe quatre ans à La Tour-de-Peilz au sein de cette école privée accueillant principalement de riches étrangers. L’Institution Gilbert de La Pêche miraculeuse est calquée sur ce pensionnat pour garçons.
Pendant trois ans, Pourtalès étudie au gymnase de Neuchâtel, dans la section scientifique. Il rejoint là le berceau de sa famille, son lieu d’implantation en Suisse.
À partir de son installation en France, Pourtalès vit à Paris. Après son mariage avec Hélène Marcuard, il emménage dans un appartement de la rue François-Ier (8e arrondissement). En 1929, il s’aménage un bureau personnel où il conserve ses archives à la rue des Vignes (16e arrondissement).
En 1920, atteint dans sa santé, Pourtalès s’installe au château d’Étoy, sur La Côte vaudoise. Il vit désormais entre la Suisse et Paris.
Pour soigner sa tuberculose pulmonaire, Pourtalès fait de fréquents séjours dans une clinique de Montana, La Moubra, où il est soigné par le docteur Eugène Ducrey.