Repères biographiques

1881

Naissance, à Berlin le 4 août, de Guy James de Pourtalès, fils d’Hermann, officier au service de Prusse, et de Marguerite (Daisy), née Marcet.

1888

Installation de la famille dans une dépendance du Grand Malagny (Genthod), propriété de la famille Marcet.

Mort de Daisy de Pourtalès, à Cannes. Elle est enterrée au cimetière de Genthod.

1889

Hermann de Pourtalès et ses enfants s’installent au 8 de la rue des Granges à Genève.

1891

Le 25 avril, mariage à Paris d’Hermann de Pourtalès avec Hélène Barbey.

Installation de la nouvelle famille aux Crénées, à Mies.

À l’automne, entrée à l’École Privat, à Genève.

1893-1897

Élève à l’Institution Sillig, à La Tour-de-Peilz, dit aussi Institut de Bellerive.

1897-1900

Gymnase à Neuchâtel, dans la section scientifique.

1900-1905

Études scientifiques, musicales et littéraires à Karlsruhe, Bonn et Berlin.

1904

Mort d’Hermann de Pourtalès. Il est enterré à Mies.

1905

Se fixe à Paris, avec l’intention de s’inscrire à la Sorbonne.

1910

La Cendre et la Flamme (Juven)

1911

Mariage avec Hélène Marcuard, fille du banquier Jules Marcuard. Ils auront trois enfants : Françoise (1912), Raymond (1914) et Rose (1919).

1912

Réintégré sur sa demande dans ses droits de citoyen français.

1913

Solitudes (Grasset)

1914

Mobilisé en août. Jusqu’en novembre, chauffeur du major des dépôts à Chartres.

1915

Janvier-avril, interprète auprès d’une brigade d’artillerie britannique, en Flandres.

Le 28 avril, atteint d’une pleurésie.

Fin avril-fin octobre, convalescence.

1916

À partir de février, rejoint la Maison de la presse au ministère des Affaires étrangères, où il est chargé de la propagande en Suisse.

À mes amis suisses (Crès)

1917

Deux contes de fées pour les grandes personnes (Société littéraire de France) En décembre, révoqué de son poste au Quai d’Orsay, en raison de ses relations de famille compromettantes en Allemagne.

1918

Janvier-décembre, interprète auprès du corps expéditionnaire américain.

À partir de décembre, officier informateur dans la 4e armée, en Alsace.

1919

En janvier, mission d’information pour des journalistes américains, dans les provinces rhénanes, dans les territoires occupés du Nord de la France et sur les champs de bataille.

Démobilisé le 15 février.

Au printemps, vente du Grand Malagny.

Marins d’eau douce (Société littéraire de France)

En décembre, découvre qu’il est atteint de tuberculose pulmonaire.

1920

Retour en Suisse. Vit désormais entre Étoy et Paris, avec de fréquents séjours à Montana, pour soigner sa maladie.

1923

La Parabole des talents (Éditions de La NRF, « Une œuvre, un portrait »)

1924

De Hamlet à Swann (Crès et Gallimard)

1926-1932

Publication de biographies à grand succès chez Gallimard et Grasset : La Vie de Franz Liszt (1926, Gallimard), Chopin ou le Poète (1927, Gallimard), Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (1928, Gallimard), Nietzsche en Italie (1929, Grasset), Wagner, histoire d’un artiste (1932, Gallimard).

1926

Montclar (Gallimard)

1930

Florentines (Gallimard) De février à juin : voyage en Extrême-Orient.

1931

Nous, à qui rien n’appartient. Voyage au pays khmer (Flammarion)

1934

Les Affinités instinctives (Éditions de France)

1937

Madame de Noailles dans le jardin de sa poésie (Lausanne, F. Roth).

Mai : publication de La Pêche miraculeuse (Gallimard), grand prix du roman de l’Académie française.

1938

Installe à Étoy ses archives, jusqu’alors à Paris.

1939

Berlioz et l’Europe romantique (Gallimard)

1940

Le 14 juin, commence à rédiger ses mémoires sous le titre « Chaque mouche a son ombre ».

Les Contes du milieu du monde (LUF).

1941

Saints de pierre (LUF)

Mort de Guy de Pourtalès, le 12 juin à l’hôpital Nestlé, à Lausanne. Il est enterré dans le cimetière d’Étoy.

Réédition de Marins d’eau douce à la Guilde du livre.

Famille

Par son père, Guy de Pourtalès descend d’une famille huguenote cévenole établie à Neuchâtel. Dans la principauté alors prussienne, les Pourtalès connaissent une ascension sociale spectaculaire, grâce au commerce des indiennes et à la banque. Jérémie Pourtalès (1701-1784) est anobli par Frédéric II en 1750. Son fils aîné Jacques Louis (1722-1814), le « roi Pourtalès », fonde l’hôpital Pourtalès, plusieurs sociétés et amasse une fortune considérable. Ses trois fils sont créés comtes en mai 1814 par le roi de Prusse et donnent naissance à trois branches, à Neuchâtel, Paris et Berlin.

La branche aînée neuchâteloise, celle de Guy de Pourtalès, est marquée par la fidélité au roi de Prusse et l’exercice de charges publiques ou du métier des armes, à l’instar d’Alexandre (1810-1883), le grand-père de l’écrivain, major en Prusse et chef du corps de l’artillerie neuchâteloise. Ce dernier épouse Augusta Saladin de Crans (1810-1883) et fait construire la maison des Crénées à Mies, fondant la branche genevoise de la famille.

Deux des fils d’Alexandre poursuivent la tradition familiale en se mettant au service de la Prusse, quand bien même Neuchâtel est, depuis 1848, officiellement détachée de l’allégeance prussienne. Albert Maximilien, dit Max (1845-1885) est major de cavalerie dans la Garde; Hermann (1847-1904), le père de l’écrivain, est chef d’escadrons des cuirassiers de la Garde. Guy de Pourtalès rompt entièrement avec cet héritage. Ses deux frères, Horace (1888-1970) et surtout Raymond (1882-1914) sont les derniers à perpétuer la tradition du service de Prusse.

Par sa mère Daisy Marcet (1857-1888), Pourtalès appartient au patriciat genevois, qui entretient des liens étroits avec nombre de familles protestantes en France. Ses ancêtres et cousins de la rue des Granges se nomment Saladin de Crans, Saussure, De la Rive, Pictet, Naville, Sarasin, Candolle. En outre, la famille Marcet est anglo-genevoise depuis qu’Alexandre Marcet (1770-1822) a dû quitter la République en 1794, chassé par les révolutionnaires genevois. Enfant, Guy de Pourtalès parlait anglais avec sa mère.

Pour plus d'informations sur la famille Pourtalès, voir le site du Domaine Hôpital Pourtalès

Lieux

Le lac Léman

Dans la vie de Guy de Pourtalès, mais surtout dans sa mythologie personnelle, le lac est une sorte de lieu originel, dont son enfance procède. Marins d’eau douce en est la plus parfaite illustration. De fait, Pourtalès a beaucoup navigué sur le Léman, avec son grand-père William Marcet sur l’Ibis, et avec son père Hermann, médaillé d’or aux Jeux Olympiques de Paris en 1900 à bord du Lérina. Membre actif de la Société nautique de Genève, Pourtalès participe régulièrement à la Semaine des régates.

Allemagne, 1881-1888 et 1900-1905

Pourtalès a vécu les sept premières années de sa vie à Berlin, où son père était officier au service de l’Allemagne. Étudiant, il y est retourné pour suivre une formation scientifique, puis littéraire et musicale. Sa connaissance de la société, de la langue et de la culture germaniques lui sera profitable lorsqu’il travaillera sur la vie de musiciens allemands. Tout en ayant choisi la France au détriment de l’Allemagne, il a gardé un relation forte, sentimentale pourrait-on dire, avec le pays du romantisme, et n’a jamais rompu les liens avec les membres allemands de sa famille, jusque dans les années 1930.

Malagny (Genthod) et ses environs, 1888-1889

À Malagny, la famille de Guy de Pourtalès vit quelques temps sur le domaine des grands-parents Marcet. Ils sont là au cœur d’un réseau familial matérialisé par des grandes propriétés aux mains de cousins et alliés, ainsi le Creux-de-Genthod de la famille Saussure.

Genève, rue des Granges 8, 1889-1891

Pendant deux ans, Pourtalès habite au centre de la vie patricienne genevoise, à la rue des Granges, lieu dont il se souvient dans des scènes mémorables de La Pêche miraculeuse.

Yvoire

La famille Marcet possédait un chalet au milieu des châtaigniers dans ce village savoyard. Pourtalès l’évoque dans Marins d’eau douce et y situe plusieurs scènes importantes de La Pêche miraculeuse. Peu avant la Première Guerre mondiale, l’écrivain a voulu bâtir une maison à Yvoire, mais il a finalement renoncé à ce projet.

Les Crénées (Mies), 1891-1904

Bâtie au milieu du XIXe siècle par Alexandre et Augusta de Pourtalès, les grands-parents paternels de Guy de Pourtalès, la maison des Crénées est le modèle de celle de Belmont dans La Pêche miraculeuse. Pourtalès y a passé son adolescence et sa jeunesse, du moins les périodes de vacances que lui accordaient l’école puis l’université.

La Tour-de-Peilz, 1893-1897

Élève à l’Institution Sillig, Guy de Pourtalès passe quatre ans à La Tour-de-Peilz au sein de cette école privée accueillant principalement de riches étrangers. L’Institution Gilbert de La Pêche miraculeuse est calquée sur ce pensionnat pour garçons.

Neuchâtel, 1897-1900

Pendant trois ans, Pourtalès étudie au gymnase de Neuchâtel, dans la section scientifique. Il rejoint là le berceau de sa famille, son lieu d’implantation en Suisse.

Paris, 1905-1941

À partir de son installation en France, Pourtalès vit à Paris. Après son mariage avec Hélène Marcuard, il emménage dans un appartement de la rue François-Ier (8e arrondissement). En 1929, il s’aménage un bureau personnel où il conserve ses archives à la rue des Vignes (16e arrondissement).

Étoy, 1920-1941

En 1920, atteint dans sa santé, Pourtalès s’installe au château d’Étoy, sur La Côte vaudoise. Il vit désormais entre la Suisse et Paris.

Montana, 1920-1941

Pour soigner sa tuberculose pulmonaire, Pourtalès fait de fréquents séjours dans une clinique de Montana, La Moubra, où il est soigné par le docteur Eugène Ducrey.